GUÉRISON, COMMENT TU T'APPELLES ? (2015)
Performance dialoguée, chantonnée, murmurée de C. Léman-Perucca,
en 10 actes, soir après soir,
inventée pour ses fidèles et courageux collègues,
Miriam Secco, Mathieu Brèthes, Florie Guttin et Damien de La Faye,
galerie Xavier Jouvin à Grenoble du 16 au 25 janvier 2015 avec l'aide de l'ÉSAD.
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EXTRAITS
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Ici.
Jusqu’ici devrais-je dire.
Bachir Mononoké, fidèle compagnon... M’accompagne.
C’est une personne inventée pour vous et pour moi.
J’espère qu’il viendra... Je l’aime beaucoup.
Ce n’est pas son genre d’être en retard.
Et comme il dit, les retards c’est comme les guérisons,
et les guérisons c’est comme les divas : moins on les attend, mieux on se porte.
Dix soirs de suite, à 21 h précises, nous avancerons d’un acte.
Il se peut que vous ayez ce texte devant vos yeux.
Il se peut même que je sois assez proche de vous.
Il se peut que tout cela commence ou recommence dans quelques minutes ou dans quelques heures.
Ou bien non. C’est fini.
On est guéri, on ne va pas y passer la vie !
Ça amusait tout le monde
On n’avait pas de sac.
On n’avait pas de pelle.
On n’avait pas de seau, ni de pioche.
On manquait d’équipement.
Alors on a pris un camion !... Un beau.
J’ai entendu « il en faut un beau comme un bus : tout jaune et bleu ! ».
Comme c’était la veille de la fête de la victoire italienne de 1918, on croisait du monde sur la route.
Grâce au camion, on a pu remonter le sable descendu avec toutes ces vilaines crues.
Fini les flancs de montagne éventrés.
Fini les routes de déviation par les anciens prés.
Fini le torrent en caniveau, comme en France. Comme l’Isère autour de Grenoble.
Non, ici ça marchait ! On était ensemble, ça amusait tout le monde.
Les gens nous acclamaient dans les rues avec de petits drapeaux. Ils faisaient des fanfares.
Ils nous encourageaient dans toutes les langues.
Normal, c’était la Toussaint.
Ils chantaient parce que tout le monde était heureux.
Ils criaient « Nous viendrons nous baigner ! » « Nous viendrons jouer avec vous ! »
« Le torrent n’est pas dangereux, c’est nous, on a déconné ! »
Tout le monde dansait autour de notre camion.
On oubliait les barrages.
Le niveau de la terre montait.